LE BARCARES

   LA COUDALERE

LA RETIRADA

 

LA RETIRADA

 

DANS LES PAS DES REFUGIES DE LA RETIRADA

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CAMPS EN FRANCE - 1940 - 1942 -

 

Article de MIDI de Midi libre n° 26773 et de lIndépendant du Midi n° 427 du 3 mars 2019

Retour, 80 ans, après dans le village Catalan de La Vajol pout revivre l’exil des autorités officielles de la République espagnole. Midi a marché sur les traces des milliers d’Espagnols qui ont fui la répression franquiste.

De La Vajol, localité d’une centaine d’âmes, perchée à 546 mètres d’altitude, le chemin à pied vers la France n’est qu’une formalité.

Dans ce panorama que domine la plaine de l’Empordà puis au loin la baie de Rosas, s’est joué l’un des nombreux drames de l’exil des républicains espagnols, connu sous le nom de RETIRADA. Outre la population civile cherchant une échappatoire, La Vajol fut aussi le théâtre de l’exil des dirigeants de la IIe République espagnole, au premier rang duquel se trouvait son dernier président, Manuel Azana (1880-1940). Sur cette piste sablonneuse, ondulant entre châtaigners, chênes-lièges et prairie, se sont évaporés les idéaux de justice et de liberté de la République espagnole (1931-1939). Sur ce chemin qui court au-dessus du village de La Vajol vers la frontière, les réfugiés et soldats républicains, de janvier et février 1939, ont cherché leur salut vers la France, à l’écart des routes encombrées du Perhus et des cols conduisant à Cerbère, Banyuls, Prat-de Mollo…

MAREE DU DESESPOIR

Fin janvier 1939, une interminable cohorte de civils harassés, apeurés, remonte le contrefort des Albères. Ils sont des milliers, femmes, enfants, vieillards, chargés de leurs maigres biens, jusqu’à 475 000 personnes, à fuir dans un désordre indescriptible la vindicte de l’armée victorieuse de Franco, l’aviation qui mitraille les colonnes de fuyards… Tous n’ont quun but : rejoindre la France, se mettre à l’abri de la barbarie franquiste. La guerre d’Espagne vit ses derniers feux.

Elle s’achève le 1er avril 1939 avec la rédition de Madrid. Barcelone la révolutionnaire est tombée sans combattre le 26 janvier, Gérone a suivi, Figueres a été évacuée. Face au rouleau compresseur franquiste et de ses alliés fascistes et nazis, le soldats de l’armée populaire de la République battent en retraite. Cette marée du désespoir demande asile à la France, la patrie des droits de l’homme. Le gouvernement Daladier tergivers, garde la frontière fermée, reticent à accueillir ces foules misérables, ces soldats "rouges", anarchistes, communistes, socialistes, de futurs indésirables. La France se prépare à collaborer… Face à cette avalanche humaine, la frontière s’ouvre aux civils et aux blessés le 28  janvier. Puis le 5 février, aux combattants qui doivent déposer les armes. Ceux-ci seront parqués dans les camps d’internement, parfois à même le sable comme à Argeles-sur-Mer, au Barcarès, à Saint-Cyprien, dans des conditions inhumaines et dégradantes…

Les routes étroites qui mènent au Perthus, à Cerbère, Collioure, Par-de-Mollo sont encombrées de véhicules hors d’usage, de réfugiés qui tentent de se protéger du froid intense, du vent, de la neige parfois. L’hiver 1939 fut l’un des plus rude du siècle. Des familles entières passent plusieurs nuits dehors dans les fossés. Des nourrissons meurent de froid, de malnutrition… La nuit, des milliers de feux de camp éclairent ce versant couvert de chênes-lièges. Ce sont les feux de l’exode.

Dans ce chaos, ce qui reste des autorités républicaines suit le mouvement de reflux, à l’écart. Le chef du Gouvernement Juan Negrin, ses ministres, une partie des Cortes, la chambre des députés restée fidèle à la République, les autorités de la Genéralité de Catalogne ont trouvé refuge dans les villages accolés à la frontière, au dessus de la Jonquère. Negrin, partisan de la poursuivre le combat, se persuade encore que les Occidentaux vont entrer  en guerre contre Hitler et qu’ils vont se ranger à ses côtés. Le Premier ministre a installé son quartier général à Agullana. Madrid et la zone centrale résistent encore. Tout n’est pas perdu, croit-il.

On a réquisitionné une maison de maître entre Maçanet de Cabrenys et La Vajol, au mas Can Barris pour y loger le président de la République, Manuel Azana. Les autorités légales ne maîtrisent plus rien. Entre Negrin et Azana qui, lui, milite pour une cesser-le-feu et une solution humanitaire, rejetés par Franco, règnent désaccords et non-dits. Les évènements vont les balayer de l’histoire.

Le bâtiment extérieur de cette mystérieuse mine de Canta, bien qu’en réfection, est accesible par une piste, contrairement à la grande maison de maître, Can Barris, ou le président Azana passa sa dernière nuit en Espagne. Le 4 février, le quartier général de l’armée républicaine, ainsi que la résidence de Negrin à la Agullana, sont bombardés par l’aviation ennemie. L’évacuation des autorités est alors décidée pour le lendemain.

EN EXIL… A PIED

Au matin du dimanche 5 février 1939, à 6h, le président de la République, celui des Cortes Diego Martinez Barrio, les personnalités et leurs familles montent dans les voitures de la police sur une piste en mauvais état.

L’un des véhicules tombe en panne et obstrue le passage. Las! Il faut poursuivre à pied jusqu’au col de Lli (713mètres), peu après un mas. Les carabiniers attendent au garde-à-vous le passage du cortège. L’ambiance est lugubre. Une large large plaque au sol rappelle en catalan le passage des autorités de la République, moribonde ce jour là.

En territoire français, Azana raconte que la descente le long du ravin gelé fut difficile pour ces personnalités habillées en costume et souliers de ville. Martinez Barrio glisse et chute lourdement, suivis par d’autres.

Sans doute pressé de regagner les véhicules officiels chauffés qui ont fait le détour par le Perthus, le président salue avec froideur Negrin et rejoint Le Boulou puis Perpignan afin de régler sa situation administrative. Brouillés, les deux hommes d’Etat ne se verront plus. Peu après, Lluis Companys, président de la généralité de Catalogne, et José Antonio Aguirre, président du gouvernement basque, empruntent ce même itinéraire. Les délégations catalane et basque s’attablent à l’hostal des Trabucayres, alors une modeste auberge. On raconte que Luis Companys se fit servir une omelette, mais qu’il ne put la payer…

DE NOS JOURS

LA VAJOL, 80 ANS APRES

Un chemin de terre carrossable mène au "Monument à l’exil » en contrebas du village. Fichée sur un bloc de granit, une grande statue de bronze représente un réfugié et sa fille qu’il tient par la main. La petite, amputée de sa jambe gauche après un bombardement italien, s’appuie sur un bâton. Cette oeuvre est inspirée dune célèbre photographie prise à Parts-de-Mollo et publié le 18 février 1939 dans l’illustration à Paris.

Ferran un jeune employé chargé de l’entretien à la Vajol, raconte que sur la route de Maçanet de Cabrenys, Juan Negrin fit aménager une cache secrète dans la "mine de Negrin" avec appartements, monte-charges sur trois niveaux et gardes armés. Cette chambre forte abritait les dernières réserves d’or et d’argent de la banque d’Espagne, ainsi que des valeurs monétaires et objets confisqués aux riches partisans du coup d’état de Franco, à titre de dommages de guerre. L’équivalent de 500 millions de pesetas de l’époque étaient entreposés là, soit 500 millions d’euros d’aujourd’hui. La proximité de la frontière a permis l’évacuation de ce « trésor » par le Perthus. Ces sommes ont servi à rétribuer des fonctionnaires restés fidèles à la République, à venir en aide aux exilés dans les camps ou de par le monde… Ferran rapporte que l’un des sept camions prévus pour le transport du  « trésor » n’est jamais arrivé à destination… C’est l’une des légendes qui entoure cet épisode.

Le passage de la frontière est matérialisé de nos jours par un grillage et une porte grillagée afin d’empêcher le bétail de divaguer.

Côté français, l’actuel chemin recalibré longera clôture électrifiée  d’un enclos pour grand gibier, dénaturant cet itinéraire historique. On atteint vite le village français de Las Illas rattaché à Maureillas.

Plus d’info

Vie et mort des dirigeants républicains

Durant son exil, Manuel Azana décède le 4 novembre 1940 à Montauban, ou il est enterré.

C’est Jean-Michel Baylet qui a permis la réhabilitation de la tombe et fair réaliser le monument à la mémoire de Manuel Azana. Il a également fait restaurer celle du docteur Pallete (son médecin) qui est juste à côté.

Lluis Companys est capturé par la Gestapo et remis par Vichy aux autorités franquistes qui le fusillent le 15 octobre 1940 après un simulacre de procès à Barcelone.

Juan Negrin meurt le 12 novembre 1956 à Paris, rejeté par les siens.

Il repose au Père-La-Chaise. Negrin n’est réhabilité par le PSOE qu’en juin 2008.

Monuments commémoratifs

Les monuments commémoratifs en hommage aux républicains espagnols abondent entre La Vajol et Las Illas-Maureillas. Une piste conduit de Ias Illas au col de Manrella, ou trône le monument de granit à Lluis Companys, président de la Généralité, puis descente en voiture jusqu’à La Vajol. Le chemin pédestre de La Vajol à Las Illas par le col de Lli s’effectue en 1h environ et autant pour le retour. Départ ou arrivées à l’hostal dels Trabucayres.

Site à consulter

http://apieddansle66.eklablog.com/de-las-illas-a-la-vajol-les-chemins-de-la-liberte-a114779834

                                        

La Retirada (Retirade) ou l’exil républicain espagnol d’après guerre

La guerre d’Espagne a entraîné le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1936 jusqu’en 1939 où la chute de Barcelone provoque, en quinze jours, un exode sans précédent. Près d’un demi million de personnes franchissent alors la frontière des Pyrénées, dans de terribles conditions. C’est la Retirada.

1936-1939 : Un pays divisé par une guerre civile

À partir de la fin du XIXe siècle, les conflits sociaux et politiques se succèdent en Espagne et la proclamation de la Seconde République, le 14 avril 1931, vient nourrir l’espoir d’une société meilleure. Le gouvernement entreprend une série de réformes novatrices, au caractère progressiste, venant rompre avec les régimes et gouvernements précédents, fortement soutenus par l'Église et d'obédience plutôt conservatrice. Les changements opérés face au modèle séculier sont immédiats et radicaux : séparation de l'Église et de l'État, mariage et divorce civil, réformes de l'armée, de l'enseignement, réforme agraire, mesures sociales et professionnelles, statut d'autonomie pour la région catalane et de façon notable, droit de vote pour les femmes et droit à l'avortement.
Mais malgré des avancées, dans l’enseignement ou les droits des femmes notamment, la déception grandit et, petit à petit, les illusions s’évanouissent pour laisser place à l’expression du mécontentement populaire qui exacerbe les tensions sociopolitiques. Le 18 juillet 1936, le soulèvement militaire, préparé par les nationalistes, éclate, la guerre d’Espagne commence. Durant près de trois ans, le peuple espagnol se trouve divisé : d’un côté, les nationalistes, dirigés par le Général Francisco Franco et soutenus par l’Église et l’armée, de l’autre les Républicains qui comptent dans leurs rangs différentes tendances de gauche - marxistes, anarchistes, socialistes, communistes et républicains modérés. Souvent considérée comme un prélude à la Seconde Guerre mondiale, l’Espagne devient aussi le terrain de confrontations internationales. Dans le camp nationaliste, les troupes d’Hitler et de Mussolini s’entraînent et testent leur matériel. La République espagnole reçoit, de son côté, l’appui de milliers de volontaires étrangers.

Le début de l’exode

L’avancée des troupes franquistes oblige, dès 1936, de nombreux républicains à quitter provisoirement l’Espagne pour fuir les combats. Un exode intérieur jette également sur les routes des milliers d’Espagnols, qui trouvent progressivement refuge en Catalogne. Quand le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains du général Franco, la population catalane – et avec elle des milliers de républicains provenant de toute l’Espagne – se dirige vers la frontière française pour échapper à la répression et aux bombardements. Ces civils sont bientôt rejoints par une partie de l’armée républicaine en déroute. Cette retraite – la Retirada – entraîne dans l’exode des centaines de milliers de réfugiés. Le passage de la frontière se fait dans des conditions particulièrement pénibles : les populations sont affaiblies par trois ans de combats et de privations, les cols sont enneigés, l’aviation franquiste bombarde les réfugiés sur les routes catalanes. Civils et militaires sont le plus souvent partis précipitamment, avec peu d’affaires, et ils arrivent en France dans le dénuement le plus complet.

Bourg Madame : le pont frontière où passent les réfugiés, les gardes mobiles les aident à porter leurs bagages. 30/01/1939. « Collection F. Berlic ».

Partagé entre la crainte de voir des "hordes" de révolutionnaires "rouges" déferler sur le pays et le respect des valeurs républicaines qui accordent asile et hospitalité aux persécutés, le gouvernement français du radical Edouard Daladier décide finalement d’ouvrir la frontière le 28 janvier 1939, mais aux seuls réfugiés civils. Les hommes armés patientent quelques jours de plus sous les bombardements franquistes.

Le 5 février, la frontière est enfin ouverte aux soldats républicains. Du 28 janvier au 13 février, ce sont 475 000 personnes qui passent la frontière française, en différents points du territoire : Cerbère, Le Perthus, Prats de Mollo, Bourg-Madame, etc.

Un accueil mitigé

Ces réfugiés ne bénéficient pas d’un accueil optimal. En dépit du soutien de la gauche et des tenants d’une attitude humaniste, la France de 1939 est loin d’être pour les Espagnols la République sœur dont ils espéraient obtenir réconfort et soutien. Rongée par la crise économique, en proie aux sentiments xénophobes, repliée sur elle-même, la société française offre aux réfugiés un accueil plus que mitigé. Avant même la Retirada, plusieurs décrets-lois ont été édictés par le gouvernement Daladier, dont celui du 12 novembre 1938 qui prévoit l’internement administratif des étrangers "indésirables", c’est-à-dire susceptibles de troubler l’ordre public et la sécurité nationale. Les Espagnols sont les premiers à subir les conséquences de cette politique nouvelle en direction des populations allogènes.

L’exode des réfugiés espagnols. « 700 enfants, venant de Puigcerda, sont arrivés hier par le train en gare de la Tour de Carol. Les petits réfugiés attendent dans le hall de la gare d’être dirigés vers un centre d’hébergement. » France Presse n°13, 30/01/1939. « Collection F. Berlic ».

Le gouvernement français avait envisagé l’afflux de réfugiés à sa frontière mais jamais dans de telles proportions et il se retrouve débordé par la situation. Les autorités déploient les troupes militaires aux différents points de passage. Les Espagnols, comme les volontaires étrangers, sont désarmés, fouillés, identifiés puis envoyés dans des centres de recueil dispersés le long de la frontière pour y être vaccinés et ravitaillés.

 Dans l’urgence et face à la pression des réfugiés qui se pressent à la frontière, certaines opérations d’identification et de vaccination ne peuvent être menées à bien. Les familles sont séparées. Les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés en train vers les départements de l’intérieur de la France. Plus de 70 départements français accueillent ainsi des groupes de réfugiés civils, durant plusieurs mois, dans des structures d’hébergement diverses, mises à disposition par les municipalités. Les conditions de vie dans ces centres d’hébergement sont variables et dépendent en partie de l’accueil que leur réserve l’équipe municipale en poste et de la mobilisation de la population locale.

Les camps d’internement

Réfugiés espagnols pendant leur transfert au camp de Barcarès (Pyrénées-Orientales), mars 1939, Robert Capa © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration

Les hommes, eux, sont parqués dans des camps d’internement, montés à la hâte sur les plages du Roussillon et dans le sud-ouest de la France. Quelques groupes de femmes et d’enfants sont aussi du voyage, preuve de la désorganisation des autorités à la frontière. Les camps d’Argelès-sur-mer, du Barcarès et de Saint-Cyprien sont construits à même le sable, par les réfugiés, utilisés comme main d’œuvre par les autorités. Les camps du Vernet d’Ariège, de Septfonds, de Rieucros, de Gurs, de Bram et d’Agde viennent compléter ce dispositif d’internement. Ils sont pensés pour désengorger les camps du Roussillon où sont internés plusieurs dizaines de milliers d’hommes – 87 000 personnes pour le seul camp d’Argelès début mars 1939 (chiffre donné à la date du 6 mars 1939 - archives départementales des Pyrénées Orientales, 31W274).

Exode des miliciens espagnols : groupe de miliciens déserteurs, sous escorte de garde mobile, conduit de Bourg-Madame à La Tour de Carol où ils seront refoulés. 04/02/1939. « Collection F. Berlic ».

Les conditions de vie dans ces camps, que les autorités françaises nomment elles-mêmes, en 1939, "camps de concentration", sont extrêmement précaires (début février 1939, à l’occasion d’une conférence de presse à propos du camp d’Argelès, le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut s’exprime en ces termes : "le camp d’Argelès sur Mer ne sera pas un lieu pénitentiaire, mais un camp de concentration. Ce n’est pas la même chose", in Geneviève Dreyfus-Armand, Émile Temime, Les Camps sur la plage, un exil espagnol, Paris, éditions Autrement, 1995, 141 p.).

Les premières semaines, les hommes dorment à même le sable ou la terre, sans baraquement pour s’abriter. Les décès sont réguliers en raison du manque d’hygiène et des difficultés d’approvisionnement en eau potable et en nourriture. Les conditions de surveillance sont drastiques et assurées par les troupes militaires, tirailleurs sénégalais, spahis ou garde républicaine mobile.
Humiliés par cet accueil et les conditions de vie qu’ils subissent durant leurs premiers mois en France, les réfugiés tentent cependant d’améliorer leur quotidien dans les centres d’hébergement et dans les camps. En comptant parfois sur l’aide de différentes organisations internationales de soutien aux réfugiés espagnols, ils organisent différentes activités afin de ne pas sombrer dans la folie et la dépression. Jeux de cartes, parties d’échecs, rencontres sportives, cours scolaires de tous niveaux, rédaction de journaux ou de bulletins, conférences improvisées et discussions politiques constituent l’emploi du temps de la majorité des réfugiés.

Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale

À la mi-juin 1939, 173 000 Espagnols sont encore internés dans les camps français. La situation, qui devait être temporaire, se prolonge. Les autorités favorisent les rapatriements en Espagne pour alléger la charge représentée par les réfugiés. Nombreux sont alors les Espagnols à retourner en terre franquiste, pas toujours volontairement. Des cas de rapatriements forcés sont signalés, notamment au départ des centres d’hébergement. Certains réfugiés essaient alors d’émigrer en Amérique latine, refusant le retour en Espagne tant que Franco est au pouvoir. Le Mexique accueille des réfugiés, mais les effectifs resteront limités. Alors que la guerre se profile, ceux qui restent deviennent pour le gouvernement français une possible main d’œuvre pour remplacer les appelés au front. Les Compagnies de Travailleurs Étrangers sont organisées dès le mois d’avril 1939 par un décret-loi et des milliers d’Espagnols, de sexe masculin et âgés de 20 à 48 ans, sont embauchés dans le but de fortifier les frontières et de participer à des travaux publics de grande envergure. Les autorités militaires proposent aussi aux réfugiés espagnols de rejoindre la Légion Étrangère ou le corps des Régiments de Marche de Volontaires Étrangers.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des groupes de réfugiés espagnols s’organisent dans les maquis et entrent en résistance contre l’occupant nazi et le gouvernement de Vichy. La motivation des Espagnols est portée par l’espoir de renverser, avec l’aide des démocraties européennes, le régime de Franco. Or, les puissances alliées ne tiendront pas leurs promesses. Franco reste au pouvoir jusqu’en 1975, prolongeant ainsi l’exode des réfugiés qui deviendront des exilés politiques (à noter qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on compte 240 000 Espagnols en France, parmi lesquels 40% d’exilés républicains).

Aujourd’hui, plus de soixante-dix ans après la Retirada, de nombreux Espagnols – anciens réfugiés – sont toujours installés dans les régions françaises, notamment dans le Sud-Ouest. Leurs enfants et petits-enfants se chargent d’entretenir la mémoire de ceux qui, à leurs yeux, ont lutté jusqu’à la mort pour un idéal humaniste

Dossier réalisé par Cindy Coignard et Maëlle Maugendre de l'Association Adelante

 

CAMP DE BARCARES

Photo aérienne 1942 - Vue du camp d'internement

 

 

LE CAMP

Images et commentaires de :

Fragments sur les Temps Présents http:tempspresents.wordpress.com

 

https://tempspresents.com/2009/02/09/retirade-camp-retirada-barcares-photos-documents-1939-1942

 

Par Nicolas Lebourg

Les commémorations de la Retirade (ou Retirada), ce formidable exil des républicains espagnols traversant les Pyrénées, ont commencé des deux côtés de la frontière. En 1937 et 1938, environ 70 000 Espagnols avaient déjà trouvé refuge en France. Etant donné l'évolution de la guerre d'Espagne, la consigne du ministre français de la Défense était de préparer l'accueil de 15 000 nouveaux arrivants. Mais à partir de février 1939, ce sont plus de 450 000 républicains qui franchissent la frontière. En mars, 264 000 Espagnols se serrent dans les camps du Roussillon. - quand la population départementale s'élève à moins de 240 000 personnes. Les camps sont improvisés sur les plages (Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, le Barcarès), des installations militaires sont reconverties (Collioure, Mont-Louis). Voici, pour les 70 ans ce cet exil, quelques photographies choisies du camp du Barcarès, quelques documents produits alors par les services de l'Etat.

Toutes les archives ici présentées proviennent des Archives Départementales des Pyrénées Orientales, merci à elles. Le document est volontairement simple afin qu’il puisse éventuellement être utilisé en guise de support par des enseignant du secondaire travaillant sur ce sujet avec leurs classes.

Accéder au diaporama

 

Face à l’évolution de la Guerre d’Espagne, le gouvernement français envisage dès avril 1938 la création de camp de réfugiés espagnols sur les plages du Roussillon.

Ci-contre le plan alors dressé d’un éventuel camp sis sur la plage du Barcarès.

Hiver 1939 : Arrivée et premières installations sur la plage du Barcarès. Au premier mars 10 922 hommes sont présents.

 

Des tentes sont installées sur le sable pour "loger"  les réfugiés.

 

 

Les réfugiés entament la construction de leurs baraques.  

  En août 1939, ils sont plus de 38 000 alors que plus de 4 000 ont déjà été redirigés vers d’autres sites

 

 

 

 

 

 

 

Une carte postale représente le lavage du linge par les hommes.

 

 

 

 

 

 

 

Les lavoirs sont normalisés par l’armée (cf. plan réglementaire ci-contre).

 

Plan de baraque pour soixante hommes.

 

Maison du commandant du camp.

Rationalisé, le camp a en 1941 une capacité de 3 360 internés.

 

Le 23 juin 1942, Vichy proclame la liquidation du camp.

Celui-ci s’était internationalisé et avait constitué un îlot spécial réservé aux Gitans, désormais adressés au camp de Salliers.

 

 

LE BARCARES

HISTOIRE EN IMAGE DU CAMP

de 1939 à 1942

Carte des camps de 1940 à 1942

Zone Nord Allemande

Zone Sud Française

Carte des camps de 1940 à 1942

L'hotel du

LIDO

Avant 1939

- Futur PC -

Arrivée de

 groupes de

 réfugiés

Mars 1939

Arrivée de

 groupes de

 réfugiés

Mars 1939

 

Arrivée de

 La Retirada

 sur les

 plages

 du Lido

Mars 1939

Installation

 précaire sur

 les plages

 du Lido

Mars 1939

En attente

 d'un

 campement

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Le camp

se 

construit

Août1939

Le camp

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construit

Août1939

 

Le camp

construit

 

Le camp

construit

 

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Photo

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du camp

construit

 

 

PC du camp

 

Gardes

 mobiles

 chargés

 de la

 surveillance

 du camp

 

Défilé des

 légionnaires

 engagés

 volontaires

1939

 

Défilé des

 légionnaires

 engagés

 volontaires du

Régiment de

 Marche des

 Volontaires

 Etrangers

1939

 

Légionnaires

fraichement

 engagés

PETAIN 

en visite 

au camp

 

Le camp

 installé

Vie

dans

 le camp

Vie

dans

 le camp

 

Vie

dans

 le camp

 

Vie

dans

 le camp

 

 

23 JUIN 1942 Vichy proclame la dissolution du camp de Le Barcarès, une partie des internés est amenée au camp militaire de RIVESALTES

 

L'HISTOIRE

 

Hiver 1939 : Arrivée et premières installations sur la plage du Barcarès.

A premier mars 10 922 hommes sont présents.

Le camp de premier accueil construits à la hâte pour abriter les réfugiés a été généralement sommaire et mal équipé, mais que dire des premiers jours, lorsque des trous creusés dans la plage du Barcarès (Lido) étaient les seuls abris contre la tramontane d’hiver.

En avril 1939, soit moins de trois mois après l’édification des premiers camps tous les observateurs conviennent que ce qui pouvait être amélioré l’avait été. En juillet 1939, plus de 150 000 internés en France avaient été libérés et le mouvement devait s’accélérer avec la déclaration de la guerre où l’on admit les réfugiés qui le voulaient à servir dans l’armée française... D’où les terribles représailles quand notre défaite les transforma en otages et non en prisonniers de guerre. La plupart furent alors envoyés dans les camps de concentration nazis où plus de 10 000 disparurent.

En septembre lorsque la guerre éclate, certains réfugiés s'engagent dans le premier régiment de marche des volontaires étrangers. Dorénavant, la mémoire de ceux qui sont tombés, sera préservée à jamais sur le monument qui leur a été dressé au Lido.

Article puisé sur : http://www.apra.asso.fr/Camps/Fr/Camp-Barcares.html#doc2

Le CAMP DU BARCARES fut établi au nord de la commune, entre le GRAU-SAINT-ANGE et le LIDO en février 1939. Les baraques furent édifiées par deux pelotons de gardes mobiles rejoints rapidement par 250 réfugiés espagnols et par un nombre important de membres des Brigades Internationales qui seront transférés au CAMP DE GURS le 20 avril 1939.

A l'été 1940, des tziganes expulsés des territoires annexés (Alsace-Moselle) y seront également internés. On y trouvera aussi des étrangers jugés "non dangereux" en 1941.

Comme dans les autres camps du Roussillon, les conditions de vie y seront des plus précaires : pas d'eau courante, alimentation insuffisante, propagation de nombreuses maladies : dysenterie, typhoïde, tuberculose et paludisme.

Le CAMP DU BARCARES était placé sous la direction du Général MENARD et la garde assurée par des militaires français. Sur le plan administratif, il dépendait de l'autorité préfectorale chargée d'en assurer l'entretien et le ravitaillement.

A partir de septembre 1939, 30 000 Juifs étrangers avaient été incorporés dans l'armée française, soit dans les régiments de marche des engagés volontaires composés d'au moins 30 % de Juifs, soit dans la Légion Etrangère ou dans les armées polonaise et tchèque en France.

Après l'armistice, ils furent démobilisés, internés ou enrôlés d'office dans les GROUPEMENTS DE TRAVAILLEURS ETRANGERS (G.T.E.) institués le 27 septembre 1940.

Tel semble être le cas de Léon STOERMAN, -roumain d'origine ?-(il dit avoir écrit en Roumanie) qui appartenait au 2ème REGIMENT DE MARCHE DE VOLONTAIRES ETRANGERS se trouvant au BARCARES le 21 décembre 1939 et réclamant certificat de domicile et certificat d'hébergement.

A la date du 10 mars 1939, Jean YBARNEGARAY, futur ministre de la Jeunesse et de la Famille du Gouvernement de Vichy, donnait le chiffrede 13 000 internés pour le Camp du BARCARES.

 

Plan du camp du Barcarès

 

 

  Les réfugiés entament la construction de leurs baraques.  

  En août 1939, ils sont plus de 38 000 alors que plus de 4 000 ont déjà été redirigés vers d’autres sites.

 

Une vue du Camp des réfugiés en provenance d'Espagne.
Carte-photo datée du 3 avril 1939 (5 mois avant la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne).

Texte au dos :
"Le Barcarès, 3 avril 1939
Chère maman,
Voici une vue d'un coin du camp du Barcarès où sont logés environ 60 000 réfugiés espagnols. Les tentes, au fond à droite, sont occupées par la compagnie de Garde Républicaine Mobile de Langres. La villa où je loge ne figure pas sur cette carte. Le camp s'étend ainsi de chaque côté de la route sur une longueur de quatre ou cinq kilomètres.
A moins d'ordres contraires, toujours possibles, nous arriverons donc à Langres dans la journée de mercredi. Pourvu qu'à notre arrivée ne se renouvellent pas les tristes éléments de septembre dernier... Malheureusement, tout laisse prévoir une prochaine mobilisation. Enfin, ne nous affolons pas d'avance. Le meilleur est de vivre le moment présent sans songer outre mesure à un avenir qui se révèle plus qu'inquiétant...."
yvon

(Pour mieux comprendre la situation, ci-joint un extrait d'article présentant le travail de Robert Capa, célèbre photographe qui a pris de nombreux clichés de "la retirada", l'exode faisant suite à certains épisodes de la guerre d'Espagne)

"...La guerre d’Espagne provoque le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1937, lors de la conquête du pays Basque par les troupes du général Franco, jusqu’en 1939 après la chute de Barcelone qui sonne le glas de trois années de guerre civile. En quinze jours, un exode sans précédent voit un demi million de personnes – 200 000 combattants républicains et 300 000 civils – franchir dans des conditions terribles la frontière des Pyrénées où rien n’est prévu pour les accueillir. Les soldats sont désarmés, internés dans des camps de fortune sur les plages d’Argelès, du Barcarès, de Saint-Cyprien, puis à Gurs dans la montagne Pyrénéenne. Les femmes et les enfants sont répartis dans des centres d’hébergements improvisés à travers toute la France..."

Cependant, à l’automne 1940, les tziganes originaires d’Alsace-Lorraine sont internés dans des camps, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès, camps créés à l’origine pour accueillir les réfugiés espagnols, les juifs et les " étrangers ressortissants de pays ennemis ". Le premier est dissous à la fin de 1941, le deuxième en juillet 1942, leurs occupants catalogués nomades ont alors été transférés à Rivesaltes (ouvert en 1938, fermé à son tour en novembre 1942).

Le 23 juin 1942, Vichy proclame la liquidation du camp. Celui-ci s’était internationalisé et avait constitué un îlot spécial réservé aux Gitans, désormais adressés au camp de Salliers.

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REGIMENTS DE VOLONTAIRES etrangers

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 HISTORIQUE

En octobre 1939, furent crées au camp du de Le Barcarès dans les Pyrénées-Orientales, les 21e et 22e régiments de marche de volontaires étrangers. Dans leurs rangs on compte jusqu'à 47 nationalités différentes.

 Trois régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE) sont créés au sein de la Légion étrangère au Barcarès, entre octobre 1939 et mai 1940. Ils recrutent, principalement dans les compagnies de travailleurs étrangers1, essentiellement des Espagnols issus de la Retirada2 qui représentent 1/3 des effectifs ainsi que les Juifs étrangers engagés volontaires qui en constituent 40%. Ces régiments sont mal équipés et les soldats des autres unités les appellent par dérision les "régiments ficelles". Les 21e, 22e et 23e RMVE n’ont pas de noyaux actifs, ni de réservistes de la Légion, ni même de cadres en provenance de Sidi bel-Abbès à l’exception de quelques officiers. Pour les différencier, les couleurs traditionnelles sont inversées et sont « rouge et vert ». Sans tradition Légion, ils n’en combattent pas moins avec conviction. Mal équipés ces trois régiments ainsi que le 12e REI mériteront le surnom de "Régiments ficelles".

Sommaire

* 29 septembre 1939, création du 1er régiment de marche des volontaires étrangers. (1er RMVE au Barcarès)

* 25 février 1940 par changement d'appellation devient le 21e RMVE

* Juillet 1940: dissolution.

Le 22e RMVE

 

Commandant le R.M.V.E.

* 24 octobre 1939, création du 2e régiment de marche des volontaires étrangers (2e RMVE). Il est intégré à la

19e division d'infanterie.

* 25 février 1940 par changement d'appellation devient le 22e RMVE

* Juillet 1940 : dissolution.

En avril 1940, le 22e RMVE est au camp du Larzac pour poursuivre son instruction. Au début du mois de mai, le régiment est en Alsace et le 19 mai, il rejoint la Somme au sud de Péronne. Du 22 au 26 mai, il tient le secteur de Fresnes-Mazancourt, Misery (Somme) et Marchélepot, et défend la route de Paris, au sud de Péronne. Ce régiment, composé de réfugiés espagnols républicains et d'immigrés juifs d'Europe centrale, se bat avec une telle détermination, qu’il est anéanti par les chars allemands à Berny et à Villers-Carbonnel. Les soldats épuisés refusent de se rendre, et se battent au corps à corps aux environs de Marchelepot, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que 800 hommes valides, sur un effectif de départ d’environ 2 500. Les allemands rendent les honneurs aux survivants faits prisonniers3. Fred Samuel, Mémoires d'un joaillier, éditions du Rocher, Paris, 1992

https://www.picardie-1939-1945.org/le-22e-regiment-de-marche-de-volontaires-etrangers-1ere-partie/

Surprises, les autorités militaires françaises le furent au cours de ce mois de septembre trente-neuf. Que devaient-elles faire de tous ces étrangers ne se comprenant pas – une cinquantaine de nationalités seront représentées au sein des volontaires étrangers – qui venaient s’enrôler dans l’armée française et envahissaient les bureaux de recrutement ? Quelle pourrait être la valeur de ces futurs soldats au combat ? Beaucoup étaient sceptiques.

En fait, le futur régiment allait être constitué majoritairement de réfugiés espagnols républicains et d’immigrés juifs d’Europe centrale, tous très motivés par le combat antifasciste. Les républicains espagnols s’engagèrent à l’automne 1939 auprès du bureau de recrutement de Perpignan tandis que les juifs d’Europe centrale, entre autres, le firent à Paris.

Passées les premières semaines d’incertitude, l’idée germa d’envoyer tout ce monde cosmopolite à Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales.

Fin septembre, près d’un mois après la déclaration de guerre, une circulaire ministérielle enjoignait de diriger tous les engagés volontaires étrangers vers ce lieu proche de Rivesaltes. Là, ils furent encadrés par des officiers et sous-officiers, anciens légionnaires de l’armée d’Afrique, rappelés lors de la mobilisation générale et qui végétaient jusqu’alors au camp de Sathonay près de Lyon. Le but était alors de constituer des régiments de volontaires étrangers et non pas des régiments de la Légion étrangère car cette dernière, à la suite de désaccords en haut lieu refusa d’admettre les nouveaux venus en son sein. Le 2e R.M.V.E fut donc créé le 24 octobre 1939 à Barcarès. 

Le régiment « Ficelle »

Depuis longtemps, les volontaires du 22e, lassés de porter leur fusil à l’épaule ou à la main, avaient acheté de la grosse ficelle pour remplacer la courroie. Il fallut se résoudre à faire la même chose pour tous les objets constituant le barda habituel du fantassin de 1939 (bidon, havresac, couverture, tente, etc.).

Après le lancement de l’offensive allemande, le 10 mai 1940, le 22e R.M.V.E. se trouvait cantonné en Alsace. « Aussi, ce ne fut pas en vain que le poste « Radio-Stuttgart », bien renseigné, put, certain soir de mai, annoncer l’arrivée au front du 22e Régiment à ficelles, en lui souhaitant bonne chance. Ce titre devait rester au régiment, mais il s’en fit un titre de gloire… » occasion, il perçut de cette unité les cuisines roulantes et les mitrailleuses de 20 m/m avec leurs munitions qui lui manquaient en échange de quelques mitrailleuses Hotchkiss de 8 m/m.

Mais bientôt, la division dut s’ébranler et faire mouvement après les premiers revers dans le Nord de la France. Le 22e était embarqué en chemin de fer à Dannemarie et Montreux-Vieux (Haut-Rhin) dès 23 heures 30 dans la nuit du 18 au 19 mai, pour partir dans la matinée du 19. Le convoi progressa lentement, passa par le sud de Paris, et ce ne fut que le 21 mai au soir que les trains stoppèrent à l’Isle-Adam (Val d’Oise) et dans ses environs.

Là, des convois automobiles prirent en charge les troupes pour les diriger vers le Nord afin de les amener à Conchy-les-Pots et Boulogne-la-Grasse (communes du département de l’Oise, limitrophes du département de la Somme) où elles stationnèrent le 22 mai.

La 19e division devait progresser en direction générale Nord vers Bray-sur-Somme. Le régiment continua donc sa remontée et occupa, le 23, Tilloloy. Les positions de combat furent prises le lendemain 24. La marche se fit alors en direction de Péronne.

Le 1er Bataillon, commandé par le chef de bataillon Volhokoff, part d’Hattencourt, le 24 mai, vers 10 heures. En passant par Chaulnes, le Chef de bataillon demande un peloton du G.R.D. 21 pour éclairer sa route. On ne peut le lui donner.

Le I/22 reçut l’ordre d’attaquer Berny-en-Santerre le 25 mai : Monté dans un side-car, et muni d’un fusil mitrailleur le commandant Volhokoff reconnaît lui-même Ablaincourt et Pressoir, la distillerie et les premières maisons de Berny. Une compagnie est alors engagée dans le village ; mais presque aussitôt elle est attaquée par l’ennemi. Pour la dégager, le Commandant fait donner les deux autres Compagnies. Aussitôt, les canons et mortiers allemands entrent en action. […] Pour répondre, le 1er Bataillon du 22e Étranger n’avait que ses mortiers. Après une courte préparation, les voltigeurs entrent dans le village ; les fusils mitrailleurs les précèdent et tirent sans arrêt ; derrière eux, les grenadiers nettoient les maisons. Deux mitrailleuses allemandes gênèrent l’attaque, pendant un bon moment. Elles furent réduites par les mortiers.

L’action coûta au I/22, quatre tués et une quarantaine de blessés. Occupé le même jour par une compagnie du 41e R.I. soutenue par le II/22, le village de Villers-Carbonnel fut aussitôt abandonné.

Au cours de ces actions, le régiment perdit :

– un officier blessé, le capitaine Houdoy, 3ème compagnie ; 
– sept sous-officiers blessés ;
– quarante-neuf volontaires blessés ;
– cinq volontaires tués et trois disparus.

Deux jours plus tard, le 26 mai, le II/22 porta une nouvelle attaque sur Villers-Carbonnel. « Le bataillon du commandant Carré parut d’abord avoir une tâche facile et s’empara du village. Les voitures du bataillon suivirent et s’installèrent. Malheureusement, l’affaire tourna mal. Des éléments ennemis, soutenus par quelques engins blindés, vinrent de Pont-les-Brie, et contre-attaquèrent. Un repli rapide s’imposa, dans un assez grand désordre. Une vingtaine de voitures furent perdues… ». Le bataillon dut se replier sur Fresnes-Mazancourt où il s’organisa.

Quant au III/22, il attaqua vers Barleux, le même jour, dimanche 26 mai, ce fut là aussi sans succès et le bataillon fut contraint de revenir dans ses lignes de départ. L’échec du 2e bataillon sur Villers-Carbonnel l’aurait de toute façon contraint à abandonner le village, trop isolé au nord. Ainsi le baptême du feu ne fut pas très probant pour les différents bataillons du 22e R.M.V.E., victimes de leur inexpérience au combat. 

Les pertes de la journée s’élevèrent à :
– officiers blessés : capitaine Pithon, capitaine Pourchet, sous-lieutenants Jaunâtre et Sivitsky, aspirant Mura ;
– sous-officiers blessés : 10 ; volontaires blessés : 56 ; disparus : 130.

En fait, plusieurs dizaines, plus certainement entre cent et deux cents hommes, furent capturés à Villers-Carbonnel par les Allemands.

Les derniers jours de mai 1940 furent occupés, pour les bataillons du 22e R.M.V.E., à la mise en défense d’une sorte d’éperon censé briser toute attaque allemande venant du nord, constitué des trois villages : Fresnes-Mazancourt – Misery – Marchélepot, sans que l’idée d’une attaque générale sur Péronne ne soit pour autant écartée.

 

Plans du camp du Barcarès

 

INSIGNES REGIMENTAIRES

21e R.M.V.E

22e R.M.V.E

FANION REGIMENTAIRE DU 22e R.M.V.E.

RECTO

VERSO

Volontaires étrangers défilant, fin 1939 au Barcarès

  Ce Mémorial est érigé en souvenir de leur passage. 

Ici se matérialisa en 1939 la volonté farouche de dix mille engagés volontaires étrangers de résister a l'envahisseur, conscients du don de leur vie qu'ils faisaient à la France. 
Ils constituèrent le 21 - 22 - 23 R.M.V.E. ( Régiment de marche des volontaires étrangers )

 L'union Barcarèsienne des Anciens Combattants et Victimes de Guerres

 

Défilé au camp

Légionnaires au camp

 

Carte postale du CAMP DU BARCARES du 21-12-1939 pour PARIS.
2E REGIMENT DE MARCHE DE VOLONTAIRES ETRANGERS

 

Lettre du CAMP DU BARCARES du 23-3-1940 pour LYON.
3ème REGIMENT DE MARCHE DES ENGAGES VOLONTAIRES ETRANGERS